ITAR

Itar : Houari Bouchenak

Ce soir, on vous parle de l’artiste photographe Houari Bouchenak qui a joué le jeu de Thakafat et a répondu à nos questions :

Qui êtes-vous ? Comment décrivez-vous votre art ?

Je suis Houari BOUCHENAK (membre du collectif 220 http://www.collective220.com/) , natif d’Oran où j’y ai passé une partie de mon enfance avant de déménager avec ma mère et mes sœurs à Tlemcen. Chimiste par mon cursus universitaire, curieux de tout ce qui se porte au domaine de l’art, passionné par l’évasion et plongé dans le monde de la photo dès mon plus jeune âge.

Etant enfant,  j’étais comme ébloui par l’appareil photo (avant la photo elle-même), c’était l’objet précieux qu’avait mon père et mon oncle et qu’il ne fallait surtout pas s’aventurer à toucher. A mes 10 ans, ma mère remarqua l’intérêt que je portais à cet objet, et décida de m’offrir mon premier appareil photo argentique (un 110).  J’ai commencé par photographier ma famille et mes amis (à l’intérieur seulement) qui posaient comme dans un studio, jusqu’au jour où j’ai fait sortir l’appareil à l’extérieur lors d’une manifestation à Tlemcen. C’est  là que j’ai découvert un autre terrain et une sensation que je ne connaissais pas.

J’avais comme cette obsession de vouloir figer l’instant et laisser des traces. C’est toujours le cas…

A mes 18 ans, j’ai mis la photo de côté et je me suis tourné vers la musique jusqu’à ce que je replonge, quelques années après, en achetant mon premier appareil photo numérique, ce qui m’a permis de travailler en tant que photographe/rédacteur avec une agence de communication (Vitamine DZ) et d’intégrer l’association « La grande maison ». Ces deux dernières étaient comme une sorte d’institution, où j’ai pu avoir une autre vision de ce qu’est la photo et cela par des approches documentaires pour l’agence, et d’autres littéraires et narratives pour l’association.

Pour ce qui est de mon art, ou plutôt de ce que je fais, c’est de se voir à travers l’autre, un éternel reflet de ce que peut être l’humain. La photographie reste comme une sorte de langage, un moyen de raconter, d’illustrer, de secouer ce qui peut être au fin fond de nous-même  et de le mettre en surface et cela même si c’est d’une manière inconsciente. Le travail que je fais est aussi des fragments de mémoire, pour une mémoire qui est souvent bafouée.

J’essaye d’être au plus proche de l’autre,  de l’algérien que je suis, et de témoigner de la complexité et la simplicité de ce dernier.

Dans quelle atmosphère créative êtes-vous le plus à l’aise ?

Depuis que j’étais jeune, j’ai toujours été dans des quartiers populaires, c’est là où je me sentais le mieux et c’est là où j’arrive à photographier, puisque ce qui m’intéresse le plus c’est l’humain et son environnement. J’ai toujours eu un blocage envers tout ce qui peut être superficiel, ça ne m’empêche pas de prendre le temps de le figer, mais en essayant de le dévoiler sur sa vraie nature.

Que pensez-vous du paysage artistique et culturel algérien ?

L’artiste algérien a toujours eu cette particularité de pouvoir créer en faisant face à tout ce qui peut être considéré comme barrière … c’est un vrai besoin de vouloir extérioriser toutes les émotions absorbées/provoquées par son environnement et son quotidien.

Le bouillonnement culturel a toujours existé en Algérie, et cela sur ses différentes formes, mais les acteurs culturels changent à chaque fois, et ils n’arrivent pas à s’allier avec le temps et encore plus avec les circonstances pour assurer une certaine continuité. C’est comme si qu’on les effaçait pour en placer d’autres.

Depuis quelques années, on remarque que le monde de l’art visuel au sens large prend de plus en plus de place sur la plateforme artistique algérienne, et on voit chez les jeunes artistes ceux qui se démarquent déjà en créant leur propre langage qui s’intègre parfaitement dans le langage artistique universel

Si vous pouviez en changer une chose, ça serait laquelle ?

Que chaque artiste algérien puisse être reconnu dans son pays en tant que tel, et qu’il puisse avoir le mérite qu’il faut jusqu’à la fin de ses jours.

 

 

 

 

 

 

 

 

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