Nous avons eu l’occasion de discuter avec Yasser de son travail , de son public , une discussion fort intéressante que nous essayons de vous reprendre ci-après:
On te connait à travers ton Homme Jaune, quel impact a ton travail sur ton public ?
Partout où je travaille, bien que mes personnages soient horribles, c’est toujours les endroits dont je sous-estime l’impact de l’action qui me prouvent le contraire.
Tu parles des rues et des cafés ?
Dans la rue, je n’ai pas vraiment beaucoup d’écho car ce n’est pas évident de travailler en anonyme, mais dans les cafés, les ports, les placettes ….Oui !
La dernière fois, dans un quartier chaud de Mostaganem, le café était bondé de monde ! Alors que c’était l’endroit où je m’attendais le moins à des réactions, jamais mon travail n’avait suscité autant d’intérêt. J’ai eu des échos à couper le souffle !
Est-ce de la curiosité ou de l’intérêt ?
De la curiosité qui finit en intérêt. J’ai eu plein de lectures sur mon travail, plein de gens qui voulaient que je fasse leur portrait, bien que je ne fasse pas dans le réalisme ! Et celà, sans même avoir à aller vers eux et les aborder.
Ici, les gens désertent les institutions culturelles pour leur caractère formel. Quasiment perçues comme illicites, ils ne s’y sentent pas à l’aise.
J’ai également remarqué que le public avait une perception décalée des artistes. Les gens ressentent un sentiment d’inferiortié qui les pousse au mépris de l’artiste, sentiment que partagent réciproquement ces derniers.
Zaourar m’avait dit un jour, une phrase qui m’avait beaucoup servi: » Si tu veux vraiment aller loin dans ton travail, fais-toi discret ».
Comment se font tes interventions dans les cafés ?
Un point essentiel : Le langage commun.
Il suffit d’ouvrir son carnet pour attirer du monde. C’est tout, un carnet, des pastels et une tasse de café. Puis, je trempe ma main dans le café et je me mets à colorier avec, c’est un peu violent comme technique mais les gens assimilent mieux ma démarche.
Tu créer un rapport entre le public et l’œuvre ?
Oui ! Ils dessinent avec moi. Artistiquement, celà m’apporte énormément étant donné que mon approche se base sur leurs dires.
Ayant exposé dans la rue et dans les institutions culturelles, où penses-tu que l’art contemporain est le mieux apprécié ?
Je pense qu’il ne faut négliger aucun lieu et ne priver personne, tout est bon à exploiter.
Sinon, les espaces publics et les réseaux sociaux ont nettement plus de visibilité. Par exemple, une de mes publications sur le parlement a affiché 30.000 personnes atteintes, c’est juste énorme, un chiffre que je ne pourrai jamais atteindre dans une galerie ou un musée. Au final, que la réaction soit positive ou négative, un travail ne doit pas laisser indifférent !
