Arts visuels

Les harragas et l’art contemporain

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Les phénomènes migratoires illégaux ou Harga ont longtemps interpellés les sociologues qui par leur travaux de recherche, tentent de comprendre davantage ces derniers.

On cite Madame Farida Souiah qui a publié un travail très intéressant sur le sujet :

« Les harraga sont érigés au rang de figure symbolisant le désespoir de la jeunesse algérienne durant les années 2000. Ils sont invoqués comme preuve ultime des dysfonctionnements qui touchent le pays. »

 « Ce n’est pas non plus pour atteindre un paradis. Ils prennent le risque de cette traversée afin de tenter de vivre, au lieu de simplement survivre, au jour le jour, dans l’ennui et sans perspectives. »

 

Au-delà des sociologues, ce sujet interpelle fortement nos artistes contemporains.

Le premier travail sur la thématique qui me vient en tête est l’installation vidéo de l’artiste Mustapha Sedjal intitulé « No Man’s Land ».

Une installation qui nous marque par ses bateaux en carton,  rappelant la fragilité et l’inconscience des moyens utilisés par nos jeunes.

Nous pensons aussi au travail du photographe Bruno Boudjelal, une installation vidéo intitulée « Harraga » qui est composée de 09 films de téléphones portables de migrants clandestins.

Le téléphone joue ainsi le rôle de guide, d’une boussole et d’outils de mémoire puisqu’il documente la traversée.

Et puis il y a l’œuvre de l’artiste Fouad Bouatba qui nous vient d’Annaba qu’on a pu apprécier récemment aux ateliers sauvages (Alger).

Fouad aborde également cette thématique, enfin, aborder est un verbe bien léger, Fouad porte en lui cette thématique puisque lui-même a vécu l’expérience de Harraga. Fouad a réalisé quatre tentatives de quitter le pays avant d’intégrer l’École des beaux-arts.

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Fouad Bouatba – Je témoigne 2 –

C’est son histoire et celle de centaines de jeunes algériens qu’il nous raconte à travers son projet « les disparus», une histoire intime mais déchirante. L’histoire de jeunes qui ne souhaitent pas lâcher prise qui tentent cet ultime voyage pour vivre ou disparaître. Et c’est bien les disparus qui semblent hanter l’esprit de Fouad. Ces disparus dont il récupère les vêtements, les chaussures, tout ce qui peut lui permettre de témoigner du désespoir, d’un mal être qui les a mené à cette traversée.

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Fouad Bouatba – Notre terre –

Son travail évolue entre installation, impression sur bâche ou estampes , nous sommes quasiment certains que ce projet n’est qu’à ses débuts. C’est en discutant avec Fouad que nous comprenons qu’il a encore beaucoup de choses à nous dire sur ce phénomène qui, à notre avis, ne doit en aucun cas passer sous silence.

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Source :

Farida Souiah, « Les harraga algériens », Migrations Société 2012/5 (N° 143),105-120.

 

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