« Alger la blanche » est une appellation qui a longtemps raisonné en moi comme une invitation. Un peu à la manière des écrivains qui se tiennent face à des feuilles d’une blancheur immaculée et qui ne demandent qu’à accueillir des milliers d’inspirations et d’idées.
Loin d’avoir le syndrome de la page blanche, ma ville natale n’a cessé de me lancer des appels. C’est donc naïvement sur ses murs que se sont posés mes pinceaux.
S’en est suivie une volonté frénétique de colorer tout le paysage. Tout colorer, des couleurs de toutes sortes et partout. Des arcs en ciel, des patchworks, des teintes osées pour une jeunesse désabusée dans une ville pas aussi neutre que sa couleur.
Au-delà de la ville, c’est tout mon pays que j’ambitionne de redorer. Du bout de mes doigts et de mes pinceaux, qui se veulent magiques, je colore le ciel, les rues, les fenêtres et les lumières pour illuminer tout ce qui se serait éteint et pour raviver tout ce qui se serait terni. Du bout de mes pinceaux je n’aspire pas uniquement à engloutir le blanc, j’espère surtout absorber le noir. Le noir couleur misère et désespoir. Le noir du sale et du mal. Les souillures de l’âme et du cœur.
Mon rêve, aussi naïf que mon art, se veut donc panser ces douleurs par des couleurs. Mais il arrive aussi que mes pinceaux se posent sur des scènes ou des personnages. Tout instant qui mérite d’être immortalisé et coloré évidemment. Tout comme cette jeune femme au ûd avec laquelle j’ai participé à une première exposition collective le 05 Décembre dernier, organisé par l’Association Culturelle Art et Tradition au cœur d’Alger. Je cumule à présent les toiles pour pouvoir organiser ma propre exposition à l’avenir et, pourquoi pas, colorer les intérieurs de foyers et institutions par ma teinte espoir.
En attendant, je partage ma passion avec mon entourage familial, amical et professionnel et j’ai pu commencer à faire voyager mes toiles dans le monde… pour le moment, mes couleurs décorent un mur à Londres mais demain, c’est dans le monde entier que j’aimerais envoyer le joyau qu’est l’Algérie. Lorsque les gens parleront d’elle ce sera face à une peinture tout en couleurs où Alger, entre autres, arborera fièrement sa beauté et sa personnalité unique.
Alger by night – Esma Bensidi Aissa
