Idées/Réflexion

Le sacre du livre et du cinéma en Algérie …

Quand on parle de culture en Algérie et de production artistique, trés souvent, reviennent dans les conversations ou dans les préoccupations des institutions concernés, le livre et le cinéma.

Ceci a en effet un historique, la culture a été, et ce dès l’indépendance, un fondement pour la construction de l’identité nationale. En effet, la charte de tripoli de 1962 stipule que « La culture algérienne sera nationale, révolutionnaire et scientifique ».

Nationale par sa langue de rassemblement qui est l’arabe,  révolutionnaire dans sa force d’émancipation du peuple algérien, soit une culture populaire, militante et scientifique par les moyens utilisés et la portée qu’elle aura.

Le ministère chargé de la culture  de l’époque a donc pour mission de tracer une politique culturelle répondant à ces attentes de construction identitaire. La promotion et  la diffusion culturelle s’est donc faite autour de trois axes principaux:

  1. L’audio-visuel et le cinéma : une politique de l’audiovisuel dans l’intérêt de l’éducation, de la culture et de l’information, a été mise en place en dotant le pays,  et surtout au profit de la population encore marquée par l’analphabétisme.
  2. Développement de la production du livre et de la lecture publique. Le livre fortement promu jusqu’à nos jours, rappelons le projet d’une bibliothèque pour chaque commune.
  3. Démocratisation et décentralisation, pour diffuser la culture et stimuler la création ; à cet effet des maisons de culture ont été créées à chaque wilaya pour assurer ce rôle de diffusion culturelle.

Quelques décennies plus tard, et à la lecture de différents points de presse, on entend encore parler de relance du cinéma et du livre, à s’imaginer que tous les investissements consentis à ces secteurs , n’ont servi à rien ou du moins n’ont pas obtenu les résultats escomptés.

Aujourd’hui, le Salon du Livre est devenu un rendez-vous incontournable pour le public algérien, le nombre de visiteurs dépasse largement ce que peut rassembler n’importe quel évenement culturel ,  mais reflète- t-il vraiment la réalité ? est-ce-que nous lisons suffisamment aujourd’hui ? est-ce-que la création littéraire algérienne a son public et la place qu’elle mérite ?

De même pour le cinéma, si nous considérons les productions cinématographiques algériennes des cinq dernières années, combien de personnes peuvent prétendre avoir vu au moins un quart de ces films ?

Sommes-nous en train de mener les bonnes actions pour raviver les secteurs du livre et du cinéma, sommes-nous entrain de délaisser d’autres disciplines artistiques tels que l’art contemporain ou le théatre par exemple.

Réhabiliter les salles de cinéma et adapter les horaires à une population active, communiquer le plaisir de la lecture au public dès son jeune âge à travers l’école, sont des mesures de base que l’on voudrait voir davantage mises en avant et qui pourraient réconcilier le public algérien avec sa culture, mais aussi s’assurer que les investissements à fort effet d’annonce  ne finissent pas creux par faute d’intérêt du public.

 

 

Bibliographie : Sid-Ahmed Baghli, Aspects de la politique culturelle de ~Algérie- UNESCO, 1977.

1 commentaire

  • Le livre de Sid-Ahmed Baghli est l’une des meilleures références pour les chercheurs en culture et
    politique culturelle algérienne.
    La suite qu’on retrouve dans le livre, est d’autant plus intéréssante, comme les chiffres qui nous servent
    aujourd’hui à faire des comparaisons utiles et efficaces.
    Merci pour le partage, pour ceux qui lisent mon commentaire, je recommande fortement ce livre.

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